#03 – MTA ou Biodentine ? Comment choisir ?

Alors qu’est-ce que la Biodentine a de différent ?

MTA est l’acronyme de Mineral Trioxyde Agregate.

Le MTA est un dérivé du ciment de Portland dont la première forme commerciale a été distribuée sous le nom de ProRoot MTA par la société Dentsply Maillefer à l’époque. Mis sur le marché en 1993, il a depuis fait l’objet de plusieurs centaines de publications.

Initialement développé pour la chirurgie endodontique, ses propriétés biologiques ont très vite permis de développer ses indications d’utilisation vers le coiffage pulpaire, le traitement des perforations, l’apexification pour le traitement des dents immatures notamment. Ses avantages sont nombreux et ce matériau a vraiment permis à l’endodontie de faire un bon en avant.
Les principaux inconvénients qui lui sont reprochés sont 1- les difficultés de manipulation, 2- les risques de coloration dentaires à cause de la présence d’oxyde de Bismuth dans sa composition, et enfin, 3- son prix.

Le principe actif de ce matériau est difficilement identifiable. Le Silicate de calcium sous différentes formes est considéré comme le principe actif le plus impliqué.

La biodentine

La Biodentine est un matériau synthétique, c’est à dire fabriqué chimiquement. Sa composition exacte est donc bien connue, et surtout le matériau peut être fabriqué de façon reproductible quel que soit le lot considéré. Il est essentiellement de Silicate tricalcique pur. Quelques adjuvants sont ajoutés pour modifier ses propriétés et les adapter à l’utilisation clinique.

Validation scientifique et manipulation clinique

Sur le plan de la validation scientifique, le MTA et les ciments de la famille des ciments de Portland ont beaucoup d’avance. Les autres biocéramiques sont apparus bien plus tard et les investigations scientifiques se font progressivement. Force est de constater que les résultats biologiques semblent être comparables.

Sur le plan de la manipulation clinique, le MTA n’est pas un matériau d’obturation coronaire. Dans le cadre du coiffage pulpaire, il est placé en première intention, après désinfection de la cavité et de la plaie, directement au contact de la pulpe. Il n’est utilisé que pour la protéger, assurer l’étanchéité et induire la formation d’un pont minéralisé. Il doit être ensuite recouvert d’un matériau d’obturation coronaire, généralement avec une technique sandwich (Ciment au verre ionomère et composite ou restauration de recouvrement).

La Biodentine quant à elle a été initialement développée en tant que matériau d’obturation coronaire. Ses propriétés biologiques et notamment de bioactivité ont été mises en évidence dans un second temps. Dans le cadre d’un coiffage pulpaire, le matériau est placé directement au contact de la pulpe, puis est utilisé pour obturer la totalité de la cavité coronaire. Son temps de prise, théoriquement de 12 minutes, autorise une restauration de recouvrement dans la même séance, bien qu’il soit conseillé de différer cette étape pour améliorer la qualité de l’interface.

La manipulation du MTA peut s’avérer délicate pour les premières applications, mais l’utilisation d’une instrumentation appropriée telle que le MTA GUN par exemple facilite les choses.
La Biodentine est préparée à la demande par un mélange poudre/liquide, le tout étant présenté dans une capsules à vibrer à l’amalgamateur. La consistance idéale est assez délicate à obtenir. Le matériau est placé directement dans la cavité, puis il est conseillé de l’agiter avec une spatule, dans la cavité elle même, afin de l’assouplir et faciliter son étalement sur le plancher de la cavité.

Au-delà de la protection pulpaire ou pulpo-dentinaire, ces deux matériaux, et toutes les autres biocéramiques, présentent d’autres indications d’utilisation, telles que l’apexification, l’obturation a retro, le traitement des perforations, notamment.

Alors lequel choisir ?

Et bien celui qui vous convient le mieux. Les deux matériaux, comme la plupart des biocéramiques d’ailleurs, sont des valeurs sures. Le coût et l’ergonomie sont des critères que vous devrez également prendre en considération au moment de faire votre choix.

Une chose est par contre sûre aujourd’hui, c’est que pour le coiffage pulpaire ces matériaux sont les solutions de choix, et doivent être préférés aux produits à base d’hydroxyde de calcium qui sont dorénavant obsolètes – tout le monde s’accorde à le dire.

Vous voulez en savoir plus sur les biocéramiques et l’obturation en endodontie ? profitez de notre formation ici

#Les Réponses d’Experts

DÉCOUVREZ NOS FORMATIONS >>

Nos formations en endodontie e-learning sont 100% prises en charge par le DPC

< Précédent

EP 79 – DR ALI SALEHI, DENTISTE ET ÉTUDIANT NEW YORKAIS

Suivant >

EP 80 – DR PAULINE PAGBE, PARODONTISTE ET ENTREPRENEUSE

ENDO-ACADÉMIE

Nos autres réponses d’expert

7 novembre 2023

#92 – Comment optimiser sa désinfection en endodontie ?

Peut-on mettre en forme un canal en s'affranchissant d'utiliser des leads manuelles d'exploration ? Vous entendez parler du glide path et des pré élargisseurs et vous ne savez et vous ne comprenez pas exactement de quoi il s'agit ?

3 octobre 2023

#91 – Tout savoir sur le glide path !

Peut-on mettre en forme un canal en s'affranchissant d'utiliser des leads manuelles d'exploration ? Vous entendez parler du glide path et des pré élargisseurs et vous ne savez et vous ne comprenez pas exactement de quoi il s'agit ?

5 septembre 2023

#90 – Étanchéité coronaire ou radiculaire ? Laquelle est la plus importante ?

La notion d’étanchéité en endodontie est bien une donnée acquise et qui ne fait plus débat. Pour autant, réalisez vous toujours une obturation coronaire juste après votre traitement canalaire ?