#105 – Quelles sont les recommandations pour les prescriptions du CBCT ?

Dans cette nouvelle “Réponse d’Expert”, nous abordons un sujet essentiel en endodontie : la prescription du CBCT. Doit-on le prescrire systématiquement, rarement, ou selon des recommandations précises ? Nous nous appuyons ici sur les recommandations de la Société Européenne d’Endodontologie (ESE), publiées en 2019, afin de mieux comprendre son utilisation optimale.

Pourquoi le CBCT est-il un outil incontournable ?

Les radiographies classiques, bien qu’indispensables, présentent certaines limites. Elles offrent une vision en deux dimensions (2D), parfois imprécise, et ne permettent pas toujours de détecter certaines pathologies cachées. Elles peuvent également subir des distorsions géométriques, rendant leur interprétation complexe.

Le CBCT (Cone Beam Computed Tomography) pallie ces défauts en produisant des images en trois dimensions (3D). Il permet ainsi une meilleure visualisation des structures dentaires complexes, comme les canaux radiculaires, leur morphologie et leur nombre. Son apport est précieux pour la planification et la prise de décision en endodontie.

Cependant, cette technologie implique une exposition aux rayonnements plus élevée qu’une radiographie standard. Son utilisation doit donc être réfléchie et justifiée.

Quand doit-on prescrire un CBCT?

Le CBCT ne doit être envisagé que lorsque les radiographies classiques ne fournissent pas suffisamment d’informations. Voici quelques indications où son utilisation est pertinente :

  • Diagnostic de pathologies périapicales : lorsque celles-ci ne sont pas visibles sur une radiographie conventionnelle.

  • Traumatologie dentaire : pour évaluer des fractures complexes, des traumatismes alvéolaires ou des complications osseuses.

  • Analyse anatomique : pour explorer des structures dentaires particulières (Dens Invaginatus, canaux accessoires, morphologies atypiques, etc.).

  • Retraitement endodontique : pour identifier les canaux non traités ou gérer des complications comme les perforations.

  • Chirurgie endodontique : pour planifier précisément les interventions et identifier les structures anatomiques sensibles.

Chaque indication doit faire l’objet d’une évaluation rigoureuse des risques et bénéfices, en particulier chez les enfants et les adolescents, plus sensibles aux radiations.

Une utilisation encadrée et réglementée

L’utilisation du CBCT nécessite une formation spécifique. L’ESE recommande :

  • Une formation de niveau 1 pour les praticiens prescrivant et réalisant des examens CBCT.

  • Une formation de niveau 2 pour ceux qui interprètent les images et rédigent un compte rendu détaillé.

En France, un chirurgien-dentiste possédant un CBCT dans son cabinet doit obligatoirement posséder une formation de niveau 2. Il est également tenu de rédiger un compte rendu à remettre au patient, incluant toutes les observations faites sur l’examen.

Il est important de noter que toute anomalie visible sur un CBCT doit être mentionnée. Par exemple, un CBCT grand champ couvre bien plus que les maxillaires : si une pathologie en dehors de cette zone est repérée mais non signalée, le praticien en est responsable. C’est pourquoi certains préfèrent limiter leur champ d’exploration.

Les limites du CBCT

Malgré ses avantages, le CBCT présente quelques inconvénients :

  • Artefacts et interférences : les restaurations métalliques ou certains matériaux peuvent altérer la qualité des images.

  • Variabilité des appareils : selon les modèles et réglages, les performances peuvent différer.

  • Exposition aux rayonnements : le respect du principe ALARA (As Low As Reasonably Achievable, soit “aussi bas que raisonnablement possible”) est primordial pour minimiser les doses de radiation.

Intégrer le CBCT à sa pratique

Pour une utilisation optimisée du CBCT, il est conseillé de :

  • Évaluer chaque cas individuellement : le CBCT est un outil complémentaire, et non une solution systématique.

  • Adapter les réglages pour limiter la dose de radiation tout en garantissant une qualité d’image suffisante.

  • Se former régulièrement pour interpréter correctement les images et en maximiser les bénéfices.

Conclusion

Le CBCT est un outil puissant en endodontie, permettant d’affiner les diagnostics et d’optimiser les traitements. Toutefois, son utilisation doit être encadrée, justifiée et adaptée à chaque patient. En France, un praticien possédant un CBCT doit avoir une formation valide et remettre un compte rendu systématique.

En appliquant les recommandations de l’ESE et en respectant les règles d’exposition aux rayonnements, nous garantissons une prise en charge optimale pour nos patients tout en assurant la sécurité des pratiques.

À très bientôt pour une nouvelle Réponse d’Expert !

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