En cette période d’épidémie de Coronavirus, l’utilisation du Spray est strictement contre indiqué pour éviter tout risque de dissémination de l’agent pathogène par nébulisation.
C’est là que l’on se rend compte à quel point nous sommes « dépendants » de nos instruments.
Parmi les vrais urgence douloureuses en endodontie, que l’on a à prendre en charge dans nos cabinets, la pulpite irréversible pose un vrai problème. Pour soulager le patient, nous devons associer :
- Un geste technique pour ouvrir la chambre pulpaire et supprimer la surpression pulpaire liée à l’inflammation
- Une prescription d’AINS qui permet de compléter le geste en bloquant la production de molécules algogènes associées à l’inflammation
Ces deux « armes » sont inutilisables en cette période d’épidémie.
Alors, Comment réaliser l’ouverture d’une dent sans utiliser d’instrument rotatif ?
Une équipe chinoise (1) propose de revenir à une technique que l’on avait partiellement mise de côté. La destruction des tissus par action chimio-mécanique.
Il faut avoir quelques années d’expérience pour savoir de quoi l’on parle : Le CARISOLV.
Le CARISOLV est un dispositif associant des solutions acides utilisées pour déminéraliser les tissus, afin de les ramollir et les retirer avec un excavateur manuel.
Ce procédé a été testé, avec de bons résultats de façon collégiale en France il y a quelques années (2) et continue de faire l’objet de nombreuses publications encore en 2020 (3)
Si son efficacité a été démontrée et permet d’avoir une approche très contrôlée de l’élimination des tissus cariés, la longueur du processus et du traitement ont eu raison de son intérêt dans un exercice quotidien d’odontologie restauratrice.
Toujours commercialisé par la société RLS GLOBAL, il ne connait pas pour le moment un succès qu’il mériterait probablement si l’on en croit les nombreuses études.
Il aura fallu que l’on se retrouve contraint de revoir nos protocoles dans l’impossibilité d’utiliser nos instruments conventionnels pour retrouver un intérêt à ce dispositif !
Si l’idée est intéressante sur le papier, son efficacité pour la prise en charge d’une pulpite irréversible reste à prouver. Notamment, il faudrait vérifier que le temps nécessaire pour la dissolution des tissus reste inférieur à celui de l’effet de l’anesthésique !
Le problème étant, qu’à l’heure ou nous rédigeons ce message, nous n’avons malheureusement aucune autre solution à proposer…
Pour en savoir plus :
- connaitre les recommandations en vigueur données par les instances professionnelles en cette période d’épidémie, cliquez ici
- Pour en savoir plus l’inflammation pulpaire : cliquez ici
- Le traitement de la pulpite “sans retriction” : cliquez ici
(1)Meng L, Hua F, Bian Z. Coronavirus Disease 2019 (COVID-19): Emerging andFuture Challenges for Dental and Oral Medicine. J Dent Res. 2020 Mar12
(2) Chaussain-Miller C, Decup F, Domejean-Orliaguet S, Gillet D, Guigand M, KalekaR, Laboux O, Lafont J, Medioni E, Serfaty R, Toumelin-Chemla F, Tubiana J,Lasfargues JJ. Clinical evaluation of the Carisolv chemomechanical caries removaltechnique according to the site/stage concept, a revised caries classificationsystem. Clin Oral Investig. 2003 Mar;7(1):32-7
(3) Kusumasari C, Abdou A, Tichy A, Hatayama T, Hosaka K, Foxton RM, Wada T, Sumi Y, Nakajima M, Tagami J. Effect of smear layer deproteinization with chemo-mechanical caries removal agents on sealing performances of self-etch adhesives. J Dent. 2020 Mar;94:103300.