#72 – Vin rouge et prévention de la maladie d’origine endodontique !?

Allez reconnaissez qu’en lisant le titre, vous avez soit esquissé un sourire, soit vous avez fortement pensé ce mec n’a décidément aucune limite. Quel rôle pourrait jouer de pinard dans la prévention de la maladie péri apicale d’origine endodontique ?

Et bien aussi surprenant que cela puisse paraître, ce sujet a bien fait l’objet d’une publication scientifique récemment publiée dans l’International Endodontic Journal. Pour cette nouvelle réponses d’experts, je vous propose de voir ce qu’il y a dans ce papier info ou intox ?

Un homme derrière une expérience particulière

Renan Dal Fabbro de Sao Paulo. Rappelez vous bien du nom de ce monsieur. Non pas qu’il ai découvert une nouvelle lignée de cellules souches, ni qu’il a l’intention de prendre Elon Musk à contre-pied en fabriquant une voiture qui roulera avec des éoliennes, non rien de tout ça. Il a simplement eu opportunité et le courage d’être l’auteur d’un papier que personne n’attendait dans la famille des endodontiste et de l’endodontologie en général.

Pour être franc, je me demande même d’ailleurs comment il lui est venu l’idée d’enivrer des rats avec du vin pour voir si après exposition pulpaire, les animaux avaient plus ou moins de lésions apicale que leurs homologues qu’ils avaient contraint à la sobriété. Alors que dit ce papier ? Voici en quelques mots l’expérimentation qu’ils ont réalisés et que je vais essayer de vous synthétiser.

Ils ont fait quatre groupes de huit rats chacun : 🐀

  • Dans le premier groupe qui servait de contrôle à l’expérimentation ils ont tout simplement induit la formation de lésions apicale avec une technique bien connue et décrit qui consiste à faire une cavité sur la dent en exposant la chambre dans la cavité buccale.
  • Dans le second groupe, ils ont gavés les animaux avec du vin rouge avec un volume équivalent à un verre de 300 millilitres pour un homme de 70 kg.
  • Dans le troisième groupe ils ont gavé les animaux avec du Resvératrol et du Quercétine qui sont deux polyphénols que l’on retrouve dans les fruits et notamment dans le raisin. Ces polyphénols auraient des vertus anti inflammatoires qui ont bien été démontrés et reconnus.
  • Enfin dans le quatrième groupe les animaux avaient été gavés avec de l’éthanol, de concentration équivalente à celle du vin du groupe deux avec un volume du même équivalent.

Les gavages ont été faits pendant 45 jours et la procédure d’induction de la lésion apicale a été effectuée au 15ème jour après le premier gavage. Les dents sont restés donc ouverte à la cavité buccale de l’animal pendant trente jours. La suite des procédures a consisté d’une part à évaluer la taille des lésions développées, et d’autre part à quantifier les marqueurs de l’inflammation dans l’os situé à proximité des lésions induites. Enfin ils ont comparé les résultats entre les quatre groupes d’animaux.

La conclusion de cette expérience

Alors si l’article peut être discuté sur la réalisation scientifique, il présente cependant des éléments intéressants de discussion :

  1. La première conclusion tiré des résultats, est que les lésions apicale sont plus petites chez les rats qui ont consommé du vin par rapport au groupe contrôle. En parallèle les lésions étaient plus grosse chez les animaux qui se sont vu administrer de l’alcool pur.
  2. La seconde conclusion intéressante et que l’effet anti inflammatoire des polyphénols est confirmés, même au niveau de l’os, au niveau des lésions apicales.

Alors certes la technique de quantification n’est pas celle que j’aurais retenu en tant que scientifique mais l’immuno-histochimie semi-quantitative confirme cette tendance.

Le vin a t-il un réel impact sur notre santé péri-apicale ?

La seule vraie conclusion formelle que l’on peut tirer de cet article, c’est que les véritables effecteurs sur la prévention et le contrôle de la lésion peri apicale dans ce contexte sont finalement les anti-oxydants contenus dans le raisin et non pas le vin lui même. Mais bon, le vin est fait avec du raisin quand même. 🍇

Donc en gros si l’on suit les résultats publiés par cette équipe on pourrait conseiller deux choses. La première c’est que si vous voulez vous saouler, faites le plus tôt avec du vin que de l’alcool de malte ou de grain, au moins vous aurez l’impression d’influencer votre santé peri-apicale. La seconde c’est qu’en plus de vouloir préserver votre santé péri-apicale, et votre santé tout court, et bien mangez du raisin. Vous aurez les effets bénéfiques sans les risques inhérents de l’alcool.

Alors il est bien entendu avant que je ne me retrouve avec une plainte et une horde critique quelque part que je ne fais en aucun cas ici l’apologie de la consommation d’alcool même si c’est un breuvage que le consomme avec plaisir à titre personnel. Notez également que les auteurs nous informent qu’étant donné le faible nombre d’animaux utilisés dans cette étude et le choix de l’espèce qui était un rat, il n’est pas encore possible de transposer ces résultats à l’Homme.

L’histoire ne dit pas non plus dans quel état étaient les animaux pour l’expérimentation et si les cages de l’animal était plus joyeux que celles des comparses d’à côté. On a presque hâte pour une fois, de passer à la modélisation humaine.

A très bientôt et surtout consommez avec modération !

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