#73 – On apprend plus des échecs que des succès, puisque les succès… fonctionnent !

Parler d’échec est quelque chose de particulièrement désagréable, tout simplement parce que quelque part, on a l’impression que l’on va être jugé sur cet échec et pour notre ego, ce n’est quand même pas terrible. Mais, je me suis aperçu que parmi le peu de posts que je publie sur mes pages de réseaux sociaux, ceux qui entraînaient le plus d’interactions en général étaient d’une part la naissance de mon fils et d’autre part mon partage d’échec thérapeutique qui m’incombaient.

Après avoir compris que les gens s’intéressaient plus à ma vie privée que finalement aux belles radiographies que j’aurais pu publier avec ses canaux latéraux, je me suis surtout intéressé à l’intérêt qu’ont porté ces mêmes followers à ces fameux échecs. Alors oui, deux ou trois se sont peut-être réjouis derrière leurs écrans de me voir faillir, mais au fond ce n’est pas très grave.

Les autres se sont surtout intéressés à essayer de comprendre pourquoi mon traitement n’avait pas fonctionné, pourquoi alors que tout paraissait beau sur l’image, le succès n’était pas au rendez-vous. Et les discussions qui ont suivi se sont enchaînées et les échanges ont été extrêmement intéressants. C’est peut-être un des rares moments où j’ai eu l’impression de jouer le rôle de formateur sur les réseaux sociaux. 🎓

La leçon de Pauline Grisonni, une histoire qui nous en apprend beaucoup

Récemment, en écoutant le podcast “La leçon” de Pauline Grisonni qui est dédié à discuter des échecs avec ses invités, un épisode a fait mouche, le n°107 exactement. Fabien Olicard y raconte l’histoire “Du biais du survivant“. 🎙

Alors qu’est-ce que c’est que le biais du survivant ? Cette histoire, c’est la capacité à analyser a posteriori les réussites des gens dans les domaines que l’on peut suivre au lieu d’analyser les échecs. Écoutez bien cette histoire puisqu’elle vrai.

Pendant la seconde guerre mondiale, les avions des Anglais et des alliés se font canarder par l’ennemi et une grande partie chute. L’État-major en a marre non pas de perdre des pilotes, mais de perdre des avions car cela leur coûte cher et qu’il est long et complexe de les remplacer.
Il décide donc d’analyser les causes de ces échecs, et ils font devenir les ingénieurs aéronautiques les plus pointues dans les hangars pour examiner les avions qui revenaient. Ces ingénieurs inspectent donc ces fameux avions revenus du combat et ils font des statistiques sur les lieux des impacts de balles, sur la carrosserie de l’avion pour essayer de comprendre ce qui fait tomber les appareils lorsqu’ils sont au combat. Leur premier réflexe est d’abord de demander à renforcer avec du blindage des zones qui sont le plus criblés de balles, persuadés que l’avion deviendra alors invincible puisqu’il est renforcé là où les ennemis tir. Pourtant au combat suivant, la perte des avions se poursuit. Intervient alors un monsieur Wild qui prend le contre-pied et qui leur dit : ” Plutôt que de blinder les endroits où il y a des impacts de balles, nous allons renforcer les zones où il n’y en a aucun. “.

Personne ne comprend son raisonnement et il se fait traiter de fou. Pourtant, cette procédure lui donnera raison ! Les avions qui sont analysés sont ceux qui sont revenus du combat. Les lieux d’impact, n’étaient donc pas les zones de faiblesse de l’avion puisque si cela avait été le cas, eh bien ces avions ne seraient pas revenus.

La conclusion était que la faiblesse des avions, se trouvait dans les zones qui n’étaient pas touchées puisque sans impact dans cette zone les avions revenaient au hangar, les autres par contre ne revenaient pas. Alors, pourquoi je vous raconte cette histoire, pourquoi je m’y suis intéressé ? Parce que finalement en tant que praticiens, on réagit comme les ingénieurs en espérant que cela nous fera progresser. Mais que peut-on apprendre de quelque chose qui est déjà un succès ? Que peut-on apprendre d’une belle radiographie, on va s’extasier sur nos réussites mais on ne se penche pas assez nos échecs et pourtant, ce sont d’eux que l’on apprendra. Essayez de comprendre pourquoi un instrument s’est fracturé dans un canal, sera bien plus formateur que de voir une belle radio postopératoire, avec des canaux latéraux de partout. Essayer de comprendre pourquoi une lésion n’a pas guéri, suite un traitement qui semble correct radiographiquement. Eh bien, ce sera beaucoup plus formateur que de s’extasier, devant le respect d’une bonne longueur de travail adapté.

Les réseaux sociaux, un outil de communication puissant si on sait comment s’y prendre.

Le canal des réseaux sociaux est très intéressant pour communiquer et partager même si je dois le reconnaître personnellement, je ne sais pas trop comment m’y prendre. Mais si on veut le considérer comme un canal de formation, ne serait-il pas finalement plus intéressant de la part d’un formateur de poster un ou des échecs et de discuter autour de ce constat. Facile à dire n’est pas facile à faire, j’ai essayé mais toujours peut-être à cause de la peur du jugement et de mon ego, je trouve délicat de faire le premier pas.

Néanmoins, dans le cas de notre formation Advance Class, lors d’un module récemment, j’avais invité les apprenants à partager et présenter un de leurs échecs, afin que l’on puisse en discuter et de voir ce qui les avait conduits à cette situation et comment avec leur formation en cours ils pourraient dorénavant l’éviter ou contourner cet échec.

Pour être très franc, c’est probablement une des meilleures journées que j’ai passées en tant que formateur.

Et les praticiens étaient à la fois ravis de l’exercice et nous en ont redemandés,

Comme quoi !

A très bientôt

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