Il y a bien deux équipements dont la nécessité ne fait plus débat en endodontie, c’est bien le moteur et le localisateur d’apex. Depuis une dizaine d’années, la plupart des constructeurs proposent des dispositifs “tout en un”.
Que faut-il en penser ? Est-ce qu’ils font aussi bien que le moteur plus le localisateur séparé ?
C’est cette question que je vous propose d’aborder pour cette nouvelle réponse d’expert d’Endo Académie.
Vous avez probablement entendu parler des n générations de localisateur d’apex.
Sans rentrer dans le détail, je crois pouvoir dire qu’aujourd’hui, tous sont équivalents en termes de fiabilité et de reproductibilité. Si vous voulez en savoir plus sur leur sujet, je vous invite à revoir la réponse d’expert n°11 où sont rappelés les petits détails qui font la différence.
Morita, il y a 10 ans, était la société “leader” dans le domaine de la localisation d’Apex, avec son fameux Root ZX. Jusqu’à il y a quelques années, les endodontistes ne juraient que par la fiabilité de leur Root ZX.
Le tri auto Zx était en moteur associé à un localisateur d’apex électronique dont la rumeur disait qu’il s’agissait de la même technologie. Il était le premier moteur sans fil, couplé à un localisateur, et il est resté le seul sur le marché pendant plusieurs années. Un des inconvénients qui lui était reproché, était l’impossibilité de dissocier la fonction “localisateur” de la fonction “Moteur”.
Quelques années plus tard, Morita revenait sur le marché avec un combo Moteur et localisateur d’apex séparé, mais qui pouvait s’associer. Il s’agissait alors du Dentaport.
Convaincu de l’intérêt du “deux en un”, les industriels se sont mis à tous développés leur moteur “duo”. A ce jour, la majorité des moteurs proposés sur le marché sont des moteurs combinés.
Et pourtant…
Si de prime abord, le fait d’avoir tout en un a des avantages, il ne faut pas non plus en oublier les inconvénients. Le premier inconvénient est que lorsque l’appareil tombe en panne (et ça arrive) et bien on perd les deux fonctions. Si cela peut être frustrant, cela n’est pas non plus l’inconvénient majeur
Un des avantages souvent avancés par les utilisateurs de la fonction combinée, est la notion de “sécurité” proposée par le débrayage de l’appareil lorsque la lime va au-delà du foramen. En fait, pour moi, il s’agit d’une fausse bonne idée. En effet, pour que l’appareil identifie le fait que la pointe est allée au-delà du foramen, et bien il faut que la pointe aille au-delà du foramen.
N’oublions pas que lors de la mise en forme, nous utilisons des instruments de forte conicité. Un simple dépassement de 1mm va créer un élargissement involontaire du foramen qui, sur le papier au moins, doit rester le plus étroit possible. Ainsi, si l’on utilise une lime de 25/100 de diamètre et de conicité 6%, le simple dépassement d’un millimètre de la lime induit un élargissement du foramen en lui donnant un diamètre de 31/100. Parfois plus.
Pour pallier ce risque d’élargissement, il vous sera proposé de régler la fonction “débrayage” à 1mm du foramen. Encore une fois, il s’agit d’une fausse bonne idée.
Rappelez-vous que ces appareils de localisation d’apex ne sont fiables qu’à l’affichage du “0”. Il ne s’agit pas d’appareil de mesure électronique, mais bien d’appareil de localisation de structure, en l’occurrence, la constriction apicale. On ne peut donc pas se fier aux instructions numériques fournies par ces appareils.
Le localisateur peut indiquer que la lime se situe à 0.5mm du foramen, alors qu’il est en réalisation à 0.2 ou à 3mm.
Le fait de régler l’appareil pour lui demander de débrayer lorsque la pointe de l’instrument est à -0.5mm, n’a donc pas de sens, puisque rien ne permet de localiser la pointe précisément à 0.5mm.
Un des facteurs importants pour assurer la fiabilité de ces appareils de mesure électronique est l’immobilisation de la lime dans le canal. Pour être précis dans sa détermination, la lime est avancée tout doucement en direction apicale, avec des petits mouvements. La localisation est confirmée en laissant la lime à l’arrêt.
Lorsque le localisateur est utilisé en même temps que la fonction rotation ou réciprocité, la lime n’est jamais à l’arrêt. d’une part à cause du mouvement circulaire induit par le moteur et d’autre part à cause du mouvement de va-et-vient vertical imposé à l’instrument lors de la mise en forme pour éviter de créer de faux canaux.
Cette mise en double mouvement perturbe la fonction “localisation” et diminue donc la précision du geste.
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Un des avantages souvent avancés par les utilisateurs de la fonction combinée, est la notion de “sécurité” proposée par le débrayage de l’appareil lorsque la lime va au-delà du foramen. En fait, pour moi, il s’agit d’une fausse bonne idée. En effet, pour que l’appareil identifie le fait que la pointe est allée au-delà du foramen, et bien il faut que la pointe aille au-delà du foramen.
N’oublions pas que lors de la mise en forme, nous utilisons des instruments de forte conicité. Un simple dépassement de 1mm va créer un élargissement involontaire du foramen qui, sur le papier au moins, doit rester le plus étroit possible. Ainsi, si l’on utilise une lime de 25/100 de diamètre et de conicité 6%, le simple dépassement d’un millimètre de la lime induit un élargissement du foramen en lui donnant un diamètre de 31/100. Parfois plus.
Pour pallier ce risque d’élargissement, il vous sera proposé de régler la fonction “débrayage” à 1mm du foramen. Encore une fois, il s’agit d’une fausse bonne idée.
Rappelez-vous que ces appareils de localisation d’apex ne sont fiables qu’à l’affichage du “0”. Il ne s’agit pas d’appareil de mesure électronique, mais bien d’appareil de localisation de structure, en l’occurrence, la constriction apicale. On ne peut donc pas se fier aux instructions numériques fournies par ces appareils.
Le localisateur peut indiquer que la lime se situe à 0.5mm du foramen, alors qu’il est en réalisation à 0.2 ou à 3mm.
Le fait de régler l’appareil pour lui demander de débrayer lorsque la pointe de l’instrument est à -0.5mm, n’a donc pas de sens, puisque rien ne permet de localiser la pointe précisément à 0.5mm.
Un des facteurs importants pour assurer la fiabilité de ces appareils de mesure électronique est l’immobilisation de la lime dans le canal. Pour être précis dans sa détermination, la lime est avancée tout doucement en direction apicale, avec des petits mouvements. La localisation est confirmée en laissant la lime à l’arrêt.
Lorsque le localisateur est utilisé en même temps que la fonction rotation ou réciprocité, la lime n’est jamais à l’arrêt. d’une part à cause du mouvement circulaire induit par le moteur et d’autre part à cause du mouvement de va-et-vient vertical imposé à l’instrument lors de la mise en forme pour éviter de créer de faux canaux.
Cette mise en double mouvement perturbe la fonction “localisation” et diminue donc la précision du geste.
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