#97 : 4 astuces pour mieux utiliser un localisateur d’apex
Vous utilisez un localisateur d’apex, et vous avez l’impression que parfois il n’est pas fiable ?
Votre localisateur vous donne parfois des mesures qui vous semblent bizarres, et
vous ne comprenez pas pourquoi ?
Vous commencez à douter de votre appareil et regrettez de ne pas avoir acheté la
Rolls des localisateurs, pensant qu’il est plus performant ?
Sachez qu’avec quatre règles simples vous allez optimiser vos résultats et que
finalement, votre appareil va très bien !
C’est ce que je vous propose d’aborder dans cette nouvelle réponse d’expert
d’Endo Académie.
Le fonctionnement de ces appareils
Comme leur nom l’indique, un localisateur d’apex n’est pas un appareil de mesure, mais un dispositif qui permet de localiser topographiquement le positionnement de l’apex radiculaire, et d’en déduire ainsi sa longueur de travail.
Ces appareils fonctionnent avec un courant électrique.
Le courant est “injecté” par la lime qui est mise en contact avec la pince ou la
fourchette, et est récupérée par l’électrode labiale une fois que le courant est sorti de la dent. En gros, ce n’est pas plus compliqué que cela.
Un courant est déterminé par deux variables : la tension et l’Intensité.
Lors de leur utilisation, la tension du courant est connue, puisqu’elle est fournie
par les piles ou les accumulateurs. En branchant l’appareil, nous savons que l’on envoie un courant d’une tension de 9 volts par exemple.
Dotés d’une fonction ampèremètre, ces localisateurs permettent de calculer
l’intensité du courant qui circule. Entre la pince et l’électrode. Cette intensité est mesurée en ampères.
Le principe de fonctionnement de ces appareils est basé sur la loi d’Ohms qui dit, que U = RI. Où R est la résistance du système.
Dans le cas présent, nous connaissons U, et on peut mesurer facilement I. On
peut ainsi en déduire très facilement la valeur de la résistance R qui est égale à U sur I.
En fait c’est un tout petit peu plus compliqué que cela, car le modèle de la dent est construit sur la base d’un courant alternatif, et donc selon la règle U = Zx1 ou Z est l’impédance prenant en considération, la résistance, mais également la capacité et la conductance.
Pour rester simple, on va considérer que la Capacité et la conductance sont
nulles.
Et comme on connaît la valeur de la résistance au Foramen, soit 650 Ohms, il suffira à l’appareil d’indiquer la valeur 0 lorsque U/I sera égale à 650.
Quatre astuces pour avoir des valeurs fiables et reproductibles
Malgré leur précision technique, il peut arriver que l’appareil délivre des valeurs
un peu surprenantes. Dans la majorité des cas, il s’agit d’une mauvaise utilisation.
Voici quatre conseils pour une bonne utilisation.
Le premier est d’isoler et d’éliminer tout ce qui peut dériver un courant
électrique. Vérifiez par exemple que votre lime ne touche pas une prothèse
métallique. N’hésitez pas non plus à vider la cavité d’accès de son contenu, afin
d’éviter les ponts électrolytiques qu’un excès de solution pourrait engendrer.
Vérifiez également qu’il n’y a pas une perforation ou une communication
parodontale avec un stripping par exemple. Les erreurs de lecture sont très
souvent liées à une dérivation anormale du courant.
Le second est de bien vérifier l’état de charge de votre appareil. En effet, la mesure électronique va se faire à partir d’une tension U qui est connue. Si cette valeur ne correspond pas au standard qualifié, et bien tous les calculs seront faux. Il est donc important de vérifier l’état de charge de son appareil qui
doit toujours être chargé au maximum.
Le troisième est de choisir une lime dont le diamètre correspond à celui du canal. Sans rentrer dans le détail, il faut comprendre que si l’instrument ne touche pas les parois de la dent de façon intime, les électrons vont pouvoir se promener entre la lime et les parois dentinaires, qui vont se comporter comme un condensateur. Dont l’unité de mesure est la capacité.
Nous avons vu plus haut que pour que l’équation soit bonne, la Capacité du
système doit être nulle. Pour la rendre nulle dans le modèle, il suffit de mettre une lime qui est en contact intime avec les parois dentaires. Ainsi si la lime utilisée est trop fine, le courant est perturbé, et les mesures sont
faussées.
Quatrième astuce, immobiliser la lime dans le canal. Si la lime est mobile dans le canal, le système est perturbé (principe de la conductance…) Pour que cette
valeur soit nulle, il faut que la lime soit immobile. Lorsque l’on recherche la
position du foramen, on descend donc la lime en direction apicale, de façon
incrémentale, millimètre par millimètre. Sinon, la valeur est faussée. Notons au
passage que c’est l’une des raisons pour lesquelles je ne conseille par l’utilisation d’un moteur couplé à un localisateur d’apex, comme je l’ai détaillé dans la réponse d’expert n°88
Voilà donc 4 astuces qui, si vous les respectez, vont tout naturellement vous faire aimer votre localisateur d’apex. Pas besoin de le changer… Juste, apprenez à mieux l’utiliser.
Et rappelons-nous que la seule valeur qui a du sens sur ces appareils est la valeur 0. Elle indique que la pointe de la lime est située au niveau de la constriction apicale. Les autres valeurs numériques n’ont rien de métrique. Elles ne servent donc à rien.
Un exemple de protocole à utiliser
Pour déterminer un bon positionnement de la constriction, voici un protocole que je vous propose.
1- Recherchez la position de la constriction avec une lime de diamètre 15/100
pour un canal normal. Quand le 0 est obtenu, allez légèrement au-delà de cette valeur et revenez à l’intérieur du canal, pour mieux ressortir. Ceci permet de vérifier la stabilité du positionnement
2- Sortez la lime du canal et mesurez la longueur qui sépare la pointe du stop en silicone.
3- remettre la lime à la longueur, puis rebranchez le localisateur afin de vérifier
que le 0 s’affiche toujours sans ambiguïté.
Si la valeur est stable, vous pouvez la considérer comme fiable. Notez-la dans le
dossier et vous connaissez ainsi votre longueur de travail.
Voilà, ce sont parfois des choses simples qui permettent de résoudre des
problèmes récurrents.
Testez ces quatre conseils dès demain dans votre cabinet, et vous verrez que vos erreurs de lecture vont devenir exceptionnelles.
A très bientôt !
En conclusion
Un traitement endodontique réalisé dans les règles de l’art minimise grandement l’impact d’un instrument fracturé. Et ce niveau de qualité de soin est atteignable par tous les omnipraticiens qui s’en donnent la peine. Cet article permet d’étayer la prise de décision per-opératoire, la plus difficile dans notre discipline. Enfin, le Spili 2005 a cet avantage formidable, il nous déculpabilise d’un évènement très frustrant: le bris instrumental. Évènement tellement commun qu’on en a pas fini d’en discuter.
A très bientôt.
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