#08 – Les biocéramiques sont-elles si magiques ?

Comme toutes les disciplines, l’endodontie est rythmée par des effets de mode.

Parmi ces effets, certains sont éphémères, d’autres s’installent dans le temps.

Si aujourd’hui j’aborde l’intérêt d’utiliser un matériau de la famille des biocéramiques pour obturer un canal, c’est que je considère qu’il y a de fortes chances pour que cette innovation marque un tournant dans le domaine de l’endodontie.

​Nous aborderons ici que les matériaux d’obturation canalaire faisant partie de la famille des biocéramiques. Nous n’aborderons pas les autres indications.

Mais au fait qu’est-ce qu’une biocéramique ?

Le terme Biocéramique nous renvoie à la notion de famille de matériau et non pas à un matériau uniquement. Cette famille regroupe toutes les biocéramiques qui ont un effet biologique. Le Mineral Trioxide Aggregate, dérivé des ciments de Portland fait partie de cette famille.

Récemment, cette famille de matériau s’est vue enrichie par des nouveautés synthétiques de la famille des Silicates de calcium. Parfois appelés Bio Silicates en allusion à leurs effets biologiques induits, on en dénombre encore peu sur le marché dentaire en dehors de la famille des MTA.

Alors qu’ils étaient plutôt destinés à l’obturation des cavités a retro, au coiffage pulpaire, ou encore au traitement des perforations, de nouvelles formes galéniques ont été proposées ; plus fluide et destinées à l’obturation canalaire.

En France, deux laboratoires distribuent des matériaux d’obturation canalaire ; La société FKG qui distribue le TotalFill fabriqué par la société Brasseler, et la Société Septodont qui fabrique et distribue le BioRootRCS, qui est une évolution de la Biodentine.

Ces matériaux ne doivent pas être considérés comme des seuls « ciment d’obturation », mais bien comme des matériaux d’obturation à part entière. Contrairement aux techniques conventionnelles ou le ciment fluide scelle la gutta percha aux parois dentinaires, les matériaux de la famille des biocéramiques sont utilisés pour obturer le canal dans sa totalité.

Le cône de gutta percha qui est utilisé en complément n’a que deux objectifs : 

1- faciliter la mise en place du matériau dans le système endodontique 

2- autoriser la désobturation du canal en cas de nécessité de retraitement.

Pour l'obturation canalaire

Alors qu’ils étaient plutôt destinés à l’obturation des cavités a retro, au coiffage pulpaire, ou encore au traitement des perforations, de nouvelles formes galéniques ont été proposées ; plus fluide et destinées à l’obturation canalaire.

En France, deux laboratoires distribuent des matériaux d’obturation canalaire ; La société FKG qui distribue le TotalFill fabriqué par la société Brasseler, et la Société Septodont qui fabrique et distribue le BioRootRCS, qui est une évolution de la Biodentine.

Ces matériaux ne doivent pas être considérés comme des seuls « ciment d’obturation », mais bien comme des matériaux d’obturation à part entière. Contrairement aux techniques conventionnelles ou le ciment fluide scelle la gutta percha aux parois dentinaires, les matériaux de la famille des biocéramiques sont utilisés pour obturer le canal dans sa totalité.

Le cône de gutta percha qui est utilisé en complément n’a que deux objectifs : 

1- faciliter la mise en place du matériau dans le système endodontique 

2- autoriser la désobturation du canal en cas de nécessité de retraitement.

Considérer ces matériaux comme des matériaux de remplissage, est pour le moins un véritable changement dans nos mentalités. Alors que cela fait des années que nous expliquons que la technique monocône ne remplit pas les objectifs attendus, doit-on considérer aujourd’hui que ce n’est plus le cas ?

Et bien non. C’est toujours le cas. La technique monocône qui consiste à sceller un cône dans un canal avec un ciment de scellement est toujours considérée comme inadéquate.

Par contre l’obturation du canal avec un matériau stable, sans contraction ni dilatation de prise, et adhésif aux parois dentinaires, est effectivement une technique que nous devons aujourd’hui considérer comme recevable.

Dans cette technique, il y aura, comme pour la précédente, un cône au sein de l’obturation. Mais dans ce cas précis, il n’est pas utilisé comme matériau d’obturation.
La différence est subtile, j’en conviens, mais elle est majeure.

Qu’en est-il du retraitement ?

La désobturation est possible. Nous l’avons testé sur 120 canaux en comparant la possibilité de désobturation de canaux obturés avec un eugénate et des canaux obturés avec du BioRootRCS.

La conclusion était que le matériau n’avait aucune influence sur la possibilité de désobturer un canal et de retrouver la perméabilité. La raison pour laquelle cela est possible est liée au fait que les biocéramiques ne sont pas nécessairement extra dures.

En l’occurrence la dureté du matériau est très inférieure à celle de la dentine. La désobturation est donc possible.

Est-ce que ces matériaux permettent de répondre à toutes les situations ?

Aucune technique ne le permet.

Dans les cas où l’anatomie canalaire est très complexe (isthmes, canaux en larmes, canaux en C, etc.) le choix d’une technique qui permet de mieux « capter l’anatomie » sera préférée.

Les techniques de gutta chaude ne sont donc pas pour autant obsolètes. Par contre, ces matériaux ne devront pas être utilisés comme ciment de scellement seuls dans les techniques faisant appel à un réchauffement de gutta percha.

Très sensibles au degré d’hygrométrie, le simple fait de les chauffer leur fait perdre leurs propriétés d’adhésion à a dentine.

En conclusion

Parce que ces matériaux ont des propriétés spécifiques, elles apportent quelque chose d’intéressant à notre discipline. Les considérer comme intéressante nous oblige à sortir de notre zone de confort.

Mais s’il nous faut, nous endodontistes et souvent très conservateurs, sortir de notre zone de confort pour permettre à tout le monde d’en gagner du confort et de la sérénité dans son exercice, personnellement je suis preneur.

Attention, pour utiliser correctement ces matériaux, il convient vraiment par contre de se former à leur utilisation et surtout de bien comprendre comment ils se comportent, comment ils s’utilisent, quelles sont leurs limites, etc.

Si l’acte technique est simple, l ‘erreur serait de penser qu’il suffit de lire les conseils d’utilisation du fabricant pour les utiliser.
Ne pas se former, c’est risquer de faire des erreurs, et de ne pas obtenir les effets escomptés. La compréhension de nos actes est une véritable pierre angulaire du succès thérapeutique.

Donc l’essentiel est là, mais je vous invite à vraiment approfondir la question avant de les utiliser sur vos patients.

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