S’il y a un débat qui reste actif, voire même qui le devient de plus en plus, c’est bien celui de la question voie orthograde ou rétrograde ?
Les nombreux progrès faits dans le domaine de la chirurgie endodontique au cours des dix dernières années ont rendu cette discipline plus accessible et reproductible.
Et parce que les résultats sont au moins aussi bons (voire même plus prédictibles) que ceux de la voie orthograde, la question de la voie d’abord est de plus en plus pertinent.
C’est surtout la notion de retraitement par voie rétrograde initialement proposée par Reit et Hirsch (1) en 1986, puis développée par B Khayat entre autres au cours des dix dernières années, qui permet de justifier cette intégration.
Un traitement endodontique, quel qu’il soit est directement lié à la présence de micro-organismes dans le réseau canalaire. L’objectif est donc de le désinfecter et de l’obturer.
Tant que cette obturation ne concernait que les 3 derniers millimètres apicaux, la persistance de bactéries dans le reste du canal rendait le pronostic à long terme douteux voire aléatoire.
A partir du moment où le retraitement sur une hauteur minimale de 9mm du canal devient possible, alors la question se pose différemment.
Dans le dernier numéro du Journal of Endodontics, deux études sont publiées. Et les deux vont dans le même sens, à savoir un pronostic à long terme (10 ans) aussi bon quel que soit l’accès (orthograde ou chirurgical).
Dans le premier papier publié par une équipe de Singapour (2) , les auteurs concluent à un taux de survie des dents traitées de 95% à 10 ans (taux de succès de 78.3%). Et leur conclusion est intéressante puisqu’ils montrent qu’une reintervention par voie orthograde avant la chirurgie influence le pronostic.
En lisant attentivement les graphiques publiés, on s’aperçoit que les échecs, lorsqu’il y en a surviennent très vite (avant un an)
Dans le second papier (3), publiée par une équipe allemande, les résultats sont concordants avec les précédents et ils confirment que lorsque le retraitement est potentiellement dangereux pour la survie de la dent (élimination de gros tenon par exemple), l’alternative chirurgicale est tout à fait acceptable.
Certes ces études portent sur un nombre de cas limité et qui ferait hurler un spécialiste de santé publique, mais des études qui portent sur 70 ou 90 patients suivis à 10 ans, en endodontie, ça ne court pas les rues.
(1) Surgical endodontic retreatment. Reit C, Hirsch J. Int Endod J. 1986May;19(3):107-12.
(2) Long-term Success and Survival of Endodontic Microsurgery Huang, Shuyan et al.Journal of Endodontics, Volume 46, Issue 2, 149 – 157.e4
(3) Long-term Follow-up for Apical Microsurgery of Teeth with Core and Post Restorations Truschnegg, Astrid et al. Journal of Endodontics, Volume 46, Issue 2, 178 – 183
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