Dans notre article précédent, nous abordions le problème des honoraires en endodontie en France. Qui peut encore considérer que 81,94€ est un montant cohérent pour se faire honorer d’un retraitement canalaire sur une molaire ?
Avant dans la NGAP, et maintenant dans la CCAM, les honoraires pour ces traitements sont fixes et contraints. Des petites distinctions sont apparues entre la première prémolaire et les autres, mais pas de grand changement.
Néanmoins, sont apparues de nouveaux codes pour la reconstitution pré-endodontique ou la désobturation par exemple.
Depuis, chacun s’inquiète du montant à facturer pour ces actes. Combien facturer pour un retraitement sur une molaire ? Pour un coiffage pulpaire ? pour une reconstitution pré-endodontique ?
Mais cette question a-t-elle un sens ? C’est comme si dans la vie courante nous demandions combien vaut une tarte aux fruits !? la réponse qui est évidente est « ça dépend ». Mais ça dépend de quoi ?
Et d’ailleurs, pourquoi devrait-il y avoir un prix pour un acte ? Il apparait quotidiennement que tous les traitements ne se ressemblent pas. L’anatomie, l’ouverture de la cavité buccale, la compliance du patient, l’ampleur du plan de traitement, etc. Tous ces facteurs sont patients/traitements dépendants. Alors pourquoi systématiser les honoraires d’un acte dont la réalisation, elle, n’est pas systématique ? A part pour se simplifier la vie administrative.
Pour calculer ses honoraires, encore faut-il savoir combien coûte une intervention. Loin de nous l’idée de calculer le prix au centime près en allant chercher le prix des instruments dans le catalogue, mais a-t-on au moins une idée de ce coût ? Coût qui varie d’un cabinet à l’autre. D’une année à l’autre parfois au sein du même cabinet.
La seconde variable est le temps passé. Pourquoi vouloir systématiser le temps d’intervention d’un retraitement à 1h30 alors que parfois 1h suffira quand dans d’autres cas il faudra 2h pour terminer l’obturation.
Et enfin, il y a le revenu de l’opérateur. Quel gain net (ou bénéfice) souhaitons nous faire sur un acte d’endodontie ? Doit-on le calculer au temps passé ou à la difficulté ? C’est ici que peut intervenir la compétence du praticien dans le domaine voire éventuellement sa notoriété (à lui/elle de la valoriser ou non).
Sans faire un calcul savant pour chaque traitement, il semble cependant cohérent d’avoir différents tarifs (2 ou 3) pour chaque acte NR en endodontie et de choisir lequel appliquer en fonction de la situation clinique.
En 2017, une équipe de la faculté de Rennes publiait dans l’information dentaire un récapitulatif des coûts des soins restaurateurs et endodontiques*. Des nombreuses indications retiendra que le seul consommable nécessaire pour un traitement initial sur une molaire coûtait 43.89€. En y incluant les charges courantes du cabinet, le traitement qui nécessite en moyenne d’après les auteurs 73 minutes pour être réalisé, revenait à 131.66€ avant rémunération du praticien ! Pour le retraitement de la même dent, le coût est de 159.44€.
On savait qu’en endodontie on travaillait à perte, mais afficher les valeurs rend la pilule encore plus difficile à avaler.
En conclusion souvenons-nous aussi que notre code de déontologie nous rappelle que les honoraires doivent être fixés avec tact et mesure ! Mais la formation en endodontie a un coût elle aussi, il faut savoir obtenir un retour sur investissement 😉
* Demoy J, Rives N, Cardon-Bataille N, Dautel A., LeGoff A. Quels sont les coûts réels des actes conservateurs et endodontiques ? Information dentaire n°3 18 janvier 2017
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