Depuis quelques années, est apparu une nouvelle sorte d’instruments , « Les pré-élargisseurs ». Leur intérêt ? Préparer le passage des instruments de mise en forme.
En quelque sorte, « préparer » le canal à être mis en forme.
Quels sont ils ? Ont-ils un intérêt ? c’est le sujet que je vous propose d’aborder aujourd’hui, dans la nouvelle « Réponse d’expert ».
Quel que soit le système de préparation canalaire utilisé, il faut toujours garder à l’esprit qu’il ne s’agit que de mise en forme. D’élargissement. Or on ne peut élargir que quelque chose qui existe.
Ces instruments sont introduits et pénètrent de plus en plus profondément dans le canal. Encore faut-il que ce canal existe et soit perméable. Et le seul moyen clinique à notre disposition à ce jour pour vérifier que ce canal est perméable consiste à l’explorer avec des instruments manuels. En général avec des limes de petit diamètre.
Le diamètre moyen d’un canal est d’environ 20/100 de mm. Néanmoins, ce diamètre peut être inférieur, notamment sur des dents ayant subi des agressions diverses ayant conduit à ce que l’on appelle communément une minéralisation canalaire.
Dans sa progression apicale, l’instrument est guidé par sa pointe qui s’engage dans la lumière existante. Pour que cette progression se fasse sans risque de bloquer la pointe, il faudrait idéalement que le diamètre de la pointe de l’instrument soit inférieur ou égale au diamètre du canal concerné.
Ceci était fréquemment le cas dans les systèmes à plusieurs instruments pour lesquels le diamètre de pointe augmente progressivement au fur et à mesure de la séquence. Ainsi, la seule exploration initiale d’un canal avec une lime de 15/100 suffit en général pour confirmer sa perméabilité d’un canal avant la mise en forme.
Les choses ont été modifiées avec l’apparition des systèmes dits « mono instrumentaux » ou avec des séquences réduites à deux instruments. Les diamètres de pointe ont été augmentés pour s’approcher de 25/100 pour certains.
Laisser la pointe d’un instrument totalement libre dans sa progression est la seule façon de prévenir la fracture de la lime – on ne considère ici que la fracture par torsion qui survient lorsque la pointe de l’instrument est bloquée et que l’instrument continue à tourner. Inévitablement au bout d’un moment il se fracture.
Si la pointe est constamment libre, ce risque de fracture diminue considérablement.
Si la pointe d’un instrument de mise en forme est supérieure à 20/100, alors pour sécuriser son passage, il faut s’assurer que le diamètre du canal est supérieur.
C’est pour cela qu’il est souvent recommandé de « sécuriser » le canal en passant une lime manuelle d’au moins 20/100 jusqu’à la longueur de travail. L ‘exploration initiale se fait ainsi avec trois instruments :
En utilisant cette procédure, on se rend compte très vite que la rigidité de la lime 20/100 est telle, qu’elle ne s’adapte plus à la forme du canal. Jusqu’à 15/100, la souplesse de l’instrument en acier est suffisante pour qu’il suive les courbures anatomiques. Au-delà, c’est l’instrument qui impose sa forme au canal en le déformant. Les risques d’épaulement, de perforation apicale etc. ne sont pas négligeables.
C’est dans ce contexte qu’ont été développés ces instruments pré-élargisseurs.
Fabriqués en Nickel Titane, de petit diamètre et de conicité 2% (ou conicité variable pour certains) ils sont utilisés en rotation continue avec une vitesse de 300 tours par minute et un torque très bas.
Ces instruments ne sont pas des instruments de mise en forme. Ils ne sont utilisés que pour élargir le diamètre du canal afin que celui-ci atteigne un diamètre minimal sur toute sa longueur. Diamètre qui permet d’être sûr que la pointe de l’instrument de mise en forme à venir pourra progresser sans encombre.
Obtenir cette « liberté de passage », c’est ce que l’on appelle le Gilde Path. « Glide » signifiant le toboggan, et « Path », le passage.
Avec cette explication, on comprend que l’utilisation de ces instruments n’est indiquée que dans certaines situations, à savoir celles où les canaux sont fins. Si d’emblée, une lime 20/100 atteint la longueur de travail sans difficulté, recourir à ces pré-élargisseurs n’a aucun intérêt.
On trouve sur le marché plusieurs instruments pré-élargisseurs. Parmi eux, le Scout Race® chez FKG, le One G® chez Micro Méga, ou encore le Proglider® qui remplace les Path Files® chez Dentsply Sirona.
Le plus récent est le Wave One Gold Glider®. Alors que les autres instruments sont utilisés en rotation continue, le Wave One Gold glider est utilisé avec le mouvement de réciprocité. Ce qui semblerait faciliter la progression de l’instrument et diminuer le risque de fracture.
il faut bien admettre que ces instruments ne servent pas à mettre en forme le canal. Ils sont utilisés, quand cela est nécessaire, avant l’étape de mise en forme. Qu’il s’agisse d’un seul instrument ou de plusieurs comme pour le pathfiles par exemple, les pré-élargissuers sont amenés doucement à la longueur de travail. Une fois qu’elle est atteinte, l’instrument est retiré du canal, et le traitement peut se poursuivre.
A aucun moment, il ne faut chercher à brosser le canal avec ces pré-élargisseurs dans l’espoir de le mettre en forme. Ce n’est pas l’objectif de cette étape, qui, rappelons-le, n’est pas systématiquement indiquée. Mais quand elle l’est ces instruments sont d’un réel intérêt.
Voilà, l’essentiel est là, mais la question mérite largement d’être approfondie.
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