En Publiant son papier princeps en 1967, Herbert Schilder ne se doutait probablement pas l’impact qu’auraient ses mots sur l’évolution de l’endodontie sur les 50 années à suivre.
Est-ce que la technique de référence doit être considérée comme la technique de choix ? C’est bien une très vaste question et je n’y répondrai pas complètement dans le temps imparti.
Il est clairement admis que l’obturation est un des éléments clefs du succès en endodontie. Après avoir désinfecté le système endodontique, elle permet de figer la situation et éviter qu’une réinfection du système endodontique ne survienne à court moyen et long terme.
Pour obturer le système endodontique, il faut utiliser un matériau d’obturation et un ciment de scellement. Ce ciment permet de sceller le matériau aux parois dentinaires et d’assurer l’étanchéité de l’interface à long terme.
Pour obturer une cavité coronaire, le matériau d’obturation le plus utilisé est le composite et l’adhésion est assuré par un adhésif.
En endodontie, le matériau d’obturation aujourd’hui reconnu comme tel est la gutta percha qui doit être scellée aux parois dentinaires par un ciment de scellement.
Si je compare l’obturation coronaire et l’obturation endodontique, c’est qu’elles sont effectivement comparables. Au fond, seule la forme de la cavité est différente ; les objectifs demeurent les mêmes.
Comme cela ne nous vient pas à l’idée d’obturer une cavité coronaire avec de l’adhésif uniquement, il ne doit pas nous venir plus à l’idée d’obturer un canal avec un ciment de scellement seul.
Comme cela ne nous vient pas à l’idée d’obturer une cavité coronaire avec de l’adhésif uniquement, il ne doit pas nous venir plus à l’idée d’obturer un canal avec un ciment de scellement seul.
La notion de « pâte à canaux » est donc une erreur en elle-même, puisque ces matériaux, quelques soit le nom que l’on veut bien leur donner, sont résorbables. Très vite, en milieu humide, ils vont être dégradés. Se formera alors un espace qui immédiatement sera colonisé par des bactéries.
Ainsi, seules les techniques opératoires permettant d’obtenir un maximum de gutta percha et un minimum de ciment de scellement sont considérées comme « valables » pour de bons résultats à long terme.
Et pour répondre à ce critère, force est de constater que la technique de compaction de gutta chaude est celle qui répond le mieux aux objectifs attendus.
Notons néanmoins que la condensation latérale à froid, la thermo-compaction quand elle est bien effectuée ou encore les techniques d’obturation à tuteur telles que la gutta Core permettent également d’atteindre ces objectifs.
Le problème de la technique de gutta chaude est la difficulté de sa mise en œuvre, et la longueur de la courbe d’apprentissage pour la maitriser.
Force est de constater que lorsqu’elle est maitrisée, rien ne justifie pour le moment de l’abandonner. C’est d’ailleurs la seule technique qui, à ce jour, qui permet d’obturer le système endodontique dans sa totalité, isthmes et canaux accessoires compris.
Pour pallier aux difficultés rencontrées lors de son apprentissage, le matériel a évolué. A la fin des années 90, l’apparition du SystemB a permis de simplifier la procédure technique et de participer à la démocratisation de la technique.
Le fait de pouvoir chauffer et fouler en même temps la gutta percha avec des dispositifs dédiés a considérablement facilité la mise en œuvre.
Aujourd’hui, les principes restent les mêmes ; le matériel a évolué et des versions sans fils tels que l’ELEMENT par exemple rendent accessibles cette technique avec une courbe d’apprentissage simplifiée. Malgré tout elle demeure plus longue que les autres techniques.
Plus que le matériel lui-même, c’est en fait l’amélioration de la forme des préparations canalaires avec des procédures simplifiées qui ont permis de démocratiser l’utilisation de la gutta chaude.
Rappelons-nous que si le canal n’est pas préparé, aucune technique ne permettra de l’obturer correctement. Inversement, si le canal est bien préparé, non seulement il sera désinfecté correctement, mais en plus, toutes les techniques opératoires seront possibles à mettre en œuvre.
Alors qu’une nouvelle famille de biomatériaux est apparue sur le marché récemment, la famille des biocéramiques, les paradigmes ont changé. Le fait de pouvoir obturer le système endodontique avec un matériau fluide et adhésif à la dentine permet effectivement de simplifier les procédures.
Néanmoins, elle ne permet pas de gérer 100% des situations. Et finalement, les situations qui ne se prêtent pas à ces obturations simplifiées, et bien seule la gutta chaude permet de les gérer.
Donc pour répondre à la question initiale, non la gutta chaude n’est pas morte et a encore de belles années devant elles. Ne jetez donc pas votre matériel. Comme pour tout le reste dans notre discipline, il n’y a pas de technique universelle.
Rappelons-nous qu’au final, tout dépend de la mise en forme et de la cavité d’accès. Désolé de revenir une fois de plus sur ce point, mais il faut accepter que l’endodontie soit une association d’étapes interdépendantes.
L’essentiel est là, mais bien entendu, la question mérite amplement d’être approfondie.
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